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Engager la transition du secteur de la pêche en "déchalutisant" les flottes européennes.
Pour restaurer l’intégrité physique des habitats océaniques et l’abondance marine, il est indispensable d’interdire les engins de pêche destructeurs qui raclent les fonds marins tels que le chalut de fond ou la senne démersale. Ces techniques ont recours à des filets et des câbles tractés sur les fonds marins qui détruisent la faune et la flore marine sur de gigantesques surfaces. La flotte française de chalutiers de fond opérant dans l’Atlantique Nord-Est racle ainsi en moyenne une superficie de fonds marins estimée à 600 000 km2, soit une superficie équivalente en ordre de grandeur à celle de la France métropolitaine1. Ce faisant, ces engins de pêche remettent en suspension les sédiments marins, l’IPBES et le GIEC s’accordant à dire que, « à l’échelle mondiale, on estime que la perturbation du carbone des sédiments marins précédemment non perturbés par le chalutage libère l’équivalent de 15 à 20 % du CO2 atmosphérique absorbé annuellement par l’océan »2. Par ailleurs, les engins traînants comme le chalut et la senne sont très peu sélectifs. On estime qu’à elle seule, la technique du chalutage est responsable de 93% des rejets dans les pêches européennes3. Enfin, le chalutage consomme de grandes quantités de carburant afin de pouvoir tracter le chalut sur le fond : la capture d’un kilo de poisson pêché au chalut requiert 1 à 2 litres de gasoil et émet jusqu’à 6 ou 8 kg d’équivalent CO2, soit quatre à dix fois plus que des pêches au filet ou au casier4.
Pour mettre fin à la destruction des fonds marins et de la richesse des assemblages biologiques océaniques, et pour réduire drastiquement les émissions de CO2, il est indispensable d’engager un plan de « déchalutisation »5 exhaustif des pêches européennes à horizon 2030, en réduisant le recours au chalut de 30% en 2025, avant sa disparition progressive à horizon 2030.
BLOOM (2024) Changer de cap. Pour une transition ociale-écologique des pêches ↩
IPBES, GIEC (2021) : IPBES-IPCC co-sponsored workshop report on biodiversity and climate change ↩
Seas at risk, Oceana (2022) : Exploring alternatives to Europe’s bottom trawl fishing gears ↩
Gascuel (2019) : Pour une révolution dans la mer. De la surpêche à la résilience ↩
Gascuel (2019) : Pour une révolution dans la mer. De la surpêche à la résilience ↩
Préserver 30% de nos eaux de toute infrastructure et activité industrielle, en placer 10% sous « protection stricte »
Les panels d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) et la biodiversité (IPBES) s’accordent tous deux sur l’urgence à développer des aires marines protégées pour faire face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Dans son dernier rapport, le GIEC souligne ainsi que le second levier le plus efficace pour atténuer le réchauffement climatique réside dans la protection des écosystèmes naturels1.
Lors de la COP15, la communauté internationale s’est d’ailleurs engagée à protéger 30% de nos terres et de nos eaux. Cependant, aujourd’hui en Europe, les aires marines dites «protégées » subissent le passage de redoutables engins de pêche industrielle qui raclent les fonds et détruisent les écosystèmes. En Europe, 86% des aires supposément « protégées » sont intensément exploitées avec des méthodes de pêche destructrices2, et dans plus des deux tiers des aires marines protégées du nord de l’Europe, le chalutage y est 1,4 fois plus intense que dans les zones adjacentes3. Il est donc urgent de créer un réseau cohérent et efficace d’aires marines protégées en Europe pour stabiliser le climat et assurer la conservation de la biodiversité et des écosystèmes européens.
IPCC (2023) AR6 Synthesis Report. Summary for policymakers. Figure SPM.7 ↩
Perry et al. (2022) : Extensive Use of Habitat-Damaging Fishing Gears Inside Habitat-Protecting Marine Protected Areas ↩
Dureuil et al. (2018) : Elevated trawling inside protected areas undermines conservation outcomes in a global fishing hot spot ↩
Commission européenne (2022) : Commission Staff Working Document. Criteria and guidance for protected areas designations ↩
UICN (2020) : Orientations pour identifier la pêche industrielle incompatible avec les aires protégées ↩
Commission européenne (2023) : Plan d’action de l’UE : Protéger et restaurer les écosystèmes marins pour une pêche durable et résiliente. ↩
Mettre fin aux aides publiques soutenant des activités néfastes
Depuis les années 1990, le rôle néfaste de certaines subventions dans la surcapacité et la surpêche est clairement établi. Les flottes de pêche industrielle, les plus destructrices, sont particulièrement dépendantes de ces subventions. En juin 2022, après vingt ans de négociations, les États membres de l’OMC ont conclu un accord visant à éliminer les subventions néfastes accordées au secteur de la pêche. Fournissant 18% des subventions mondiales allouées au secteur de la pêche, l’Union européenne est la deuxième entité politique qui finance le plus le secteur de la pêche après la Chine1. À rebours de ses engagements internationaux et de sa volonté affichée d’éliminer les subventions à la pêche néfastes, l’Union européenne continue pourtant de soutenir un modèle destructeur et maintient le statu quo.
Une situation alarmante, alors que ces subventions publiques jouent un rôle clé dans le secteur et pourraient favoriser une véritable transition sociale et écologique. En France, en 2021, ces subventions publiques européennes et nationales s’élevaient à 327 millions d’euros, soit près de 30% du chiffre d’affaires du secteur de la pêche française2. Une analyse détaillée des bénéficiaires de ces aides témoigne d’un fléchage favorable à la pêche industrielle et aux méthodes de pêche destructrices : en France, en 2021, 63% de ces aides sont allées aux exonérations sur le carburant, pour une enveloppe de 206 millions d’euros qui bénéficie principalement aux pêches industrielles, plus consommatrices en carburant, moins respectueuses de l’environnement et moins pourvoyeuses d’emplois. A l’inverse, seules 11% de ces subventions recensées en 2021 sont identifiées comme des dépenses en faveur de la transition durable3.
Sumaila et al_._ (2019) : Updated estimates and analysis of global fisheries subsidies ↩
BLOOM (2024) A contre-courant. L’action publique et les enjeux de transition : synthèse des subventions publiques allouées au secteur de la pêche en France entre 2020 et 2022 ↩
BLOOM (2024) A contre-courant. L’action publique et les enjeux de transition : synthèse des subventions publiques allouées au secteur de la pêche en France entre 2020 et 2022 ↩
Attribuer les quotas de pêche en priorité aux navires de moins de 12 mètres utilisant des arts dormants (casiers, lignes, filets etc.)
La pêche artisanale est confrontée à une crise sévère en raison de la diminution des ressources dans les eaux côtières et de la concurrence déloyale opérée par des navires industriels et des méga-chalutiers pouvant atteindre plus de 140 mètres de long et capturer jusqu’à 400 tonnes de poisson par jour. Il est donc urgent d’accorder un accès et des droits de pêche prioritaires aux petits pêcheurs qui représentent la majorité des emplois dans ce secteur et qui ont recours aux techniques de pêche les plus durables et les plus sélectives (engins dormants ou « passifs »). Une mesure conforme aux objectifs visés par l’article 17 de la Politique commune de la pêche (PCP), qui enjoint les États à intégrer des critères environnementaux et sociaux dans l’attribution des quotas. Mais depuis la dernière réforme de la PCP, seuls quelques États ont effectivement introduit ces critères, la plupart d’entre eux se fondant toujours sur le relevé des captures historiques et la taille des navires pour distribuer les quotas1.
Parlement européen (2022) Rapport sur la mise en œuvre de l’article 17 du règlement relatif à la politique commune de la pêche ↩
Interdire aux bateaux de plus de 25 mètres d’opérer dans les eaux côtières
Les eaux côtières – qui sont les zones où les pêcheurs artisans réalisent leurs captures – sont des nourriceries et des habitats essentiels pour les juvéniles de nombreuses espèces. La préservation de l’intégrité physique et biologique de ces zones est donc cruciale pour maintenir un océan en bonne santé1. Par ailleurs, les petits pêcheurs ont des capacités de mobilité beaucoup plus réduites en raison de la taille de leur navire et de leurs équipements. Ainsi, là où les gros navires industriels, conçus pour pêcher au large, viennent concurrencer les petits navires dans les eaux côtières, ces derniers n’ont pas la possibilité de pêcher ailleurs et dépendent directement de la santé des écosystèmes côtiers. Cette concurrence déloyale nuit fortement à la survie de la petite pêche, très dépendante de la ressource côtière et qui est accaparée par les gros navires industriels. Actuellement, il n’existe aucune disposition légale pour protéger les pêcheurs côtiers des navires de plus de 25 mètres.
Cheminée et al. (2021) : All shallow coastal habitats matter as nurseries for Mediterranean juvenile fish ↩
Interdire l’élevage d’espèces carnivores ou invasives et autoriser sur les littoraux uniquement les projets aquacoles d’algoculture et de coquillages (huîtres, moules etc.)
Depuis les années 1990, l’aquaculture est présentée comme une alternative à la pêche pour réduire les captures en mer à l’échelle mondiale. Cependant, l’aquaculture a un impact de plus en plus important sur le milieu marin, cette industrie ayant connu une croissance de 250% au cours des 25 dernières années1. De manière directe, elle est à l’origine de pollutions marines en raison des excréments qui sont rejetés ainsi que des antibiotiques et des pesticides qui sont massivement utilisés dans les parcs aquacoles. De manière indirecte, elle impacte les écosystèmes terrestres et marins par sa dépendance, pour nourrir les poissons d’élevage, au soja OGM et à la pêche minotière. Or, la pêche minotière, qui utilise de petits poissons pélagiques pour produire des farines et des huiles destinées à la pisciculture et à l’élevage intensif de porcs, de volailles et d’autres animaux terrestres, a un impact majeur sur les écosystèmes marins2 : entre 1950 et 2010, ce sont ainsi 27% des captures mondiales de poissons qui ont été réduites en farine et en huile, alors que ces poissons sont parfaitement adaptés à la consommation humaine3. De plus, 10% de la production aquacole elle-même est utilisée pour produire de la farine de poisson ou de l’huile de poisson, qui servira à nourrir d’autres fermes aquacoles4.
FAO (2022) : La situation mondiale des pêches et de l‘aquaculture. Vers une transformation bleue ↩
BLOOM (2017) : De la confiture aux cochons. L’envers du décor de l’aquaculture ↩
Cashion et al. (2017) : Most fish destined for fishmeal production are food-grade fish ↩
Ibid. ↩
Interdire la pêche utilisant des DCP (dispositifs de concentration de poisson), réformer les accords de pêche internationaux et les mécanismes permettant aux navires d’échapper aux contraintes réglementaires et fiscales
Environ 20 % des captures effectuées par les flottes de pêche de l’Union européenne sont réalisées en dehors des eaux communautaires, en partie dans le cadre d’ « accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable » conclus avec des pays tiers1. Ces accords de pêche, mis en œuvre dans la plupart des cas avec des pays du continent africain, renforcent la pression de pêche sur des espèces d’une importance cruciale pour la sécurité alimentaire et économique des populations locales. En Afrique de l’Ouest ou dans l’ouest de l’océan Indien ces accords de pêche internationaux participent à la surpêche des poissons pélagiques et des thons, parfois par le biais de techniques de pêche destructrices, comme la pêche au thon sur DCP (dispositif de concentration de poissons). Les DCP, radeaux qui agrègent artificiellement les populations de thon et facilitent leur capture grâce à leur géolocalisation, fournissent une telle assistance technologique aux pêcheurs industriels qu’ils sont aujourd’hui à l’origine de plus de 90% des captures européennes de thon tropical2. Mais surtout, ces DCP sont responsables de la mort d’innombrables espèces marines sensibles et menacées, telles que les requins, les tortues et les raies, et capturent de nombreux thons juvéniles : dans l’océan Indien, 97% des albacores capturés sous DCP sont des juvéniles. Les DCP constituent donc un obstacle direct à la reconstitution de cette population surexploitée. En dépit des alertes des scientifiques, l’Union européenne a consacré 142 millions d’euros en 2020 au renouvellement de ces accords de pêche dits « durables »3. Par ailleurs, à cette destruction des écosystèmes s’ajoute une grande opacité dans les chaînes de valeur et accords conclus entre États et armateurs étrangers : les industries de pêche européenne possèdent de nombreux navires enregistrés sous pavillon étranger et des industries diverses de transformation et de mise en conserve du poisson en Afrique et Amérique du Sud. Enfin, destinées à assurer un flux de produits de la mer à vil prix vers le marché européen, ces entreprises n’ont que peu ou pas d’impact positif sur les économies locales, profitant souvent d’avantages fiscaux lors de leur implantation.
Parlement européen : Fiches thématiques sur l‘Union Européenne - Les relations internationales en matière de pêche ↩
BLOOM (2023) La grande distribution et le MSC alliés dans la destruction de l’océan ↩
Ibid. ↩
Garantir à la pêche artisanale une représentation équitable et proportionnelle à son importance sociale auprès des instances européennes et nationales.
Les lobbies industriels de la pêche ont acquis un poids démesuré sur la décision publique et dans la représentation politique du secteur. Cette situation est préjudiciable pour les petits pêcheurs dont les intérêts ne sont ni représentés, ni défendus. Mais elle pose également problème lorsque ces groupes d’intérêts interviennent au plus haut niveau de la décision, y compris en intégrant les délégations officielles de l’Union européenne1.
Inclure les citoyen·nes dans les prises de décision concernant les politiques maritimes, lutter contre les lobbies industriels, mettre fin à l’opacité des données et garantir à la petite pêche une représentation équitable.
Le temps politique n’est pas le temps de la nature, et encore moins d’un milieu aussi vaste, sauvage et essentiel que l’océan. Garantir la défense de l’intérêt général passe donc par une refonte totale des structures de gouvernance de l’océan à l’échelle européenne, en remettant prioritairement les citoyens au cœur de la décision politique. Ceci apparaît indispensable si l’on considère que l’océan et les ressources qui s’y trouvent constituent des biens communs. Dans cette même optique, toutes les informations s’y rapportant doivent être intégralement rendues publiques et transparentes.
Réduire la teneur maximale autorisée de substances toxiques dans les produits de la mer et s’aligner sur les seuils les plus protecteurs
Cinq des dix substances chimiques les plus préoccupantes pour la santé publique selon l’OMS sont fréquemment présentes dans des produits de la mer communément consommés à travers l’Union (mercure, arsenic, dioxines, plomb et cadmium)1. Pour protéger la santé publique, un règlement européen fixe les teneurs maximales autorisées en tenant compte de la contamination effective d’un produit2. Cependant, alors que la limite de mercure par kilogramme de poisson frais est fixée à 0,5mg/kg, une exception est faite pour les poissons les plus contaminés, en l’occurrence les poissons prédateurs comme le thon ou l’espadon. Pour ces espèces la limite maximale autorisée est doublée à 1 milligramme de mercure par kilogramme. Aucune raison sanitaire ne justifie cet écart. La responsabilité de veiller à ce que les denrées alimentaires mises sur le marché respectent les normes incombe aux exploitants du secteur alimentaire, mais aucune exigence stricte n’est fixée en termes de contrôles analytiques pour ces mêmes acteurs. En conséquence**, les produits dépassant les teneurs maximales autorisées en substances toxiques sont fréquents sur le marché européen**3.
Interdire aux entreprises européennes de participer au développement de nouveaux projets fossiles (charbon, pétrole, gaz)
En 2021, l’Agence internationale de l’énergie a publié sa feuille de route « Net Zero by 2050 » afin de déterminer une trajectoire carbone qui permette de limiter le réchauffement à 1,5°C, et conclut « qu’aucun champ gazier et pétrolier nouveau n’est nécessaire au-delà de ceux déjà approuvés »1. Mais, en dépit de ces recommandations internationales et du consensus scientifique porté par le GIEC, les entreprises européennes sont loin d’avoir coupé les ponts avec l’industrie fossile. À l’heure actuelle, la consommation de pétrole ne diminue pas assez vite : quand bien même les États membres atteindraient leurs objectifs, la demande de pétrole n’aura diminué que de 16% en 20302 et les réductions d’émissions de gaz à effet de serre seront largement insuffisantes3. Simultanément, les banques européennes continuent de soutenir l’expansion fossile et ont fourni plus de 1 300 milliards de dollars aux énergies fossiles depuis l’Accord de Paris, et 30 milliards de dollars aux 100 principaux développeurs d’énergies fossiles rien qu’en 20224.
Agence internationale de l‘énergie (2021) : Net zero by 2050 - A Roadmap for the global energy sector ↩
Transport & Environment (2023) : New oil map: EU replaces Russian oil barrel for barrel as continent fails to cut demand ↩
Commission européenne : Progress made in cutting emissions figure 1 ↩
Reclaim Finance (2023) : Les banques européennes parmi les principaux moteurs de l’expansion fossile ↩
Interdire les projets éoliens dans les aires marines protégées et sur des écosystèmes vulnérables, favoriser des implantations éloignées des côtes pour préserver la pêche artisanale et modifier la répartition de la taxe éolienne
En mars 2023, l’Union européenne s’est fixée l’objectif de porter à 42,5% la part d’énergies renouvelables à horizon 20301, ce qui nécessite une augmentation considérable de la capacité éolienne installée. En effet, alors que l’Union européenne compte aujourd’hui un peu plus de 204 GW de puissance éolienne installée, elle vise une capacité éolienne installée de plus de 500 GW en 20302. Si le déploiement de l’éolien en mer semble nécessaire pour atteindre ces objectifs climatiques et énergétiques, celui-ci ne doit pas pour autant se faire au détriment de la protection des écosystèmes océaniques. En effet, dans son rapport de mars 2023, le GIEC soulignait que le second levier le plus efficace pour atténuer le réchauffement climatique résidait dans « la conservation des écosystèmes naturels, la séquestration du carbone et la restauration des écosystèmes »3. Un constat témoignant de l’importance vitale à ne pas dissocier développement des énergies renouvelables et protection des écosystèmes dans le cadre d’une politique de transition énergétique visant l’efficacité, la sobriété et la décarbonation.
Parlement européen (2023) : Fiches thématiques sur l’Union européenne, Énergies renouvelables ↩
Commission européenne (2023) : La Commission définit des mesures immédiates pour soutenir l’industrie éolienne européenne ↩
GIEC (2023) AR6 Synthesis report. Climate change 2023. Summary for policymakers. Figure 7. ↩
Garantir une réduction des impacts environnementaux des produit en plastique sur l’ensemble de leur cycle de vie en prévenant leur abandon, perte et rejet en mer
L’océan étouffe sous une marée de plastique : la quantité de déchets plastiques dispersés dans ses eaux aujourd’hui est estimée à près de 200 millions de tonnes. Entre 9 et 23 millions de tonnes s’y ajoutent chaque année et ce chiffre pourrait atteindre 53 millions de tonnes par an en 2040 si des mesures fortes ne sont pas prises pour contrer ce phénomène1. Échoués sur les plages et les récifs coralliens, flottant à la surface, coulant dans les fonds marins ou dégradés en microplastiques, ces déchets constituent une menace pour la santé de l’océan et de ses habitants. Les origines des déchets plastiques rejetés dans l’océan sont diverses, mais le secteur de la pêche joue un rôle important : 10% de ces débris seraient issus des engins de pêche perdus ou abandonnés2. Outre la létalité de ces engins et « filets fantômes » sur les animaux marins, ces débris se retrouvent aussi sous forme de microplastiques et contribuent donc à la pollution des écosystèmes.
Interdire les activités extractives dans les grands fonds marins et tout forme de financement de ces projets
L’exploitation minière dans les grands fonds marins met sciemment en danger des écosystèmes précieux, fragiles et méconnus et qui pourraient difficilement récupérer leur biodiversité et santé originaires une fois perturbés. Elle représente une menace grave pour le climat en libérant des sédiments marins le carbone qui y est stocké tout en contrevenant aux obligations internationales qui visent à assurer la protection du milieu marin1. L’exploitation minière des fonds marins vise à l’extraction de cobalt, nickel, manganèse et autres minerais utilisés pour fabriquer des dispositifs électroniques. La justification principale repose sur la nécessité de faire évoluer le parc automobile vers une motorisation électrique, qui nécessite aujourd’hui des quantités importantes de ces matières pour la production des batteries des véhicules électriques. Cependant, les batteries de nouvelle génération, qui n’exploitent pas ces métaux, occupent une part de plus en plus importante du marché, rendant ainsi l’exploitation minière en eaux profondes superflue d’un point de vue économique et technologique2.
Deep sea conservation coalition (2022) : Deep-sea mining: factsheet 2. Deep-sea mining: the science and potential impacts ↩
Blue Climate Initiative (2023) : Next Generation EV Batteries Eliminate the Need for Deep Sea Mining ↩
Protéger les écosystèmes de l’Arctique et de l’Antarctique en y interdisant toute activité économique
Bien qu’ils soient encore parmi les régions les moins anthropisées de la planète, les pôles attisent la convoitise de ceux qui y voient une source de ressources naturelles encore largement inexploitée. Mais les pôles sont surtout les habitats parmi les plus menacés par le changement climatique1. Les régions polaires sont en ébullition : au cours des deux dernières décennies, elles ont connu un réchauffement moyen plus de deux fois supérieur à celui du reste de la planète, et les eaux de l’Antarctique ont contribué à elles seules à environ 40 % de l’accumulation de chaleur des masses océaniques depuis 1970. Ces augmentations de température, combinées à l’acidification de l’eau, perturbent l’équilibre des écosystèmes à la fois au-dessus et au-dessous de la surface des océans, menacent la survie des populations locales et constituent une menace plus large pour l’ensemble de la biosphère. La fonte des glaces et la libération des immenses quantités de méthane piégées dans le permafrost en réchauffement, ne sont que quelques-unes des menaces. Préserver les régions polaires, c’est protéger notre futur et l’habitabilité de la planète entière.